Colloque

Un colloque en quatre temps

 

Le mardi 8 mars, première phase du colloque, sera destinée aux étudiant·e·s de Master et de doctorat de Nantes université (nombre de places limité). Elle aura pour objectif de familiariser les étudiant·e·s à l'analyse croisée en histoire des savoirs et histoire du genre de corpus construits autour de femmes savantes à partir de retours d'expérience et d'une mise en pratique sur des extraits des écrits de Victorine de Chastenay (1771-1855).

Le mardi 8 mars de 17h à 19h se tiendra la conférence d’ouverture du colloque public et rentrera dans le cadre d’une séance du séminaire de recherche du Centre François Viète et de celui du Centre de Recherche sur les Identités, les Nations et l’Interculturalité. Deux des éditrices du dossier des Cahiers, Juliette Lancel et Isabelle Lémonon-Waxin, présenteront une analyse réflexive sur la co-construction de leurs réflexions sur l’histoire des femmes et du genre et du séminaire « Femmes et Savoirs ».

Le mercredi 9 mars réunira de 9h à 17h des chercheur·e·s en sciences humaines et sociales qui interviendront sur le thème du dossier.

Enfin, de 17h15 à 19h, ce colloque se conclura par une table ronde pluridisciplinaire intitulée « Recherche et militantisme, quels dialogues possibles ? », réunissant des chercheur·e·s en sciences humaines et sociales. Elle vise à discuter les aspects politiques des recherches scientifiques et les questions posées par l’articulation entre recherche et militantisme.

Cette manifestation sera rythmée par des lectures proposées par Marion Le Nevet (Compagnie Les majorettes d’Azay-Le-Rideau) sous la forme d'une émission de radio fictive intitulée « Géniales ».

 

Argumentaire de la table ronde Recherche et militantisme, quels dialogues possibles ?

Depuis plusieurs décennies, les épistémologies féministes des savoirs situés ont montré que la production de savoirs est un acte autant scientifique que politique[1]. Ce qui se joue ici, c’est notamment la réflexivité du chercheur ou de la chercheuse sur sa propre relation au savoir. Ce caractère situé va bien au-delà des questions de genre et caractérise tout acte savant. Ce sont principalement les chercheuses et chercheurs concerné·e·s par les dominations (classe, genre, race, handicap...) qu’ils et elles étudient qui, d’une part, développent une démarche réflexive par rapport à leur positionnement et, d’autre part, sont classé·e·s comme militant·e·s par les personnes ne subissant pas ces dominations. Les savoirs qu’ils ou elles produisent sont alors souvent disqualifiés car considérés comme politiquement situés, et donc non scientifiques. Pourtant « la crédibilité de la démarche de l’historien engagé » [et des scientifiques en général] « repose sur la transparence de l’administration de la preuve[2] ». Des projets de recherche ancrés dans le militantisme donnent lieu à des réflexions épistémologiques renouvelées[3] et démontrent l’intérêt de ce dialogue. Par exemple, dans les champs de la sociologie et de l’anthropologie de la santé, les savoirs de l’expérience, ou savoirs expérientiels, prennent une part grandissante dans la recherche[4]. Ainsi, après plusieurs décennies d’engagement, des associations (telles que AIDS par exemple) et des patient·e·s se sont vues reconnaître à part entière comme des acteurs et actrices de la production de savoirs et de l’expertise en santé[5]. L'actualité de ces derniers mois révèle toutefois à quel point le sujet de l'engagement politique dans la recherche est sensible dans notre pays.

Cette table ronde vise à prolonger, dans des champs de recherche variés, les réflexions  précédentes à travers deux questions principales :

  • Quelles modalités et possibilités de production des savoirs dans le contexte d’une recherche engagée ?
  • Quelles formes de légitimation et de défense de ces savoirs ?


[1] Citons par exemple l’épistémologie du “point de vue” de Sandra Harding (Whose science? Whose knowledge? Thinking from Women's Lives, Ithaca, Cornell University Press, 1991), l’approche intersectionnelle de Patricia Hill Collins (Black Feminist Thought: Knowledge, Consciousness, and the Politics of Empowerment, London, Routledge, 2000 [1990]) ou encore les « savoirs situés » de Donna Haraway (« Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective », Feminist Studies, vol. 14, n° 3, 1988, p. 575-599.

[2]  Cock Laurence de, Mathilde Larrère, et Guillaume Mazeau, 2020, L’Histoire comme émancipation, Paris, Agone, p. 112.

[3]  Entre autres, les épistémologies du Sud dans une perspective décoloniale des sciences sociales de Boaventura de Sousa Santos, The End of a Cognitive Empire : the Coming of Age of the Epistemologies of the South (Duke University Press, 2018. https://www.erudit.org/fr/revues/socsoc/2017-v49-n1-socsoc03347/1042809ar/

[4] Simon, Emmanuelle, Sophie Arborio, Arnaud Halloy, et Fabienne Héjoaka, éd. Les savoirs expérientiels en santé: fondements épistémologiques et enjeux identitaires. Nancy: Presses universitaires de Nancy, 2020.

[5] Citons par exemple les travaux de Catherine Tourette-Turgis et la création de l’Université des Patients-Sorbonne en 2010).

Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...